Une enveloppe de 10 millions d’euros a été mobilisée pour aider au déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques dans les petites stations-services. L’Etat affiche l’ambition de moderniser ces entreprises en proposant un financement à hauteur de 60 à 70 % du coût de l’installation, selon la puissance des bornes installées. La FNA y voit une proposition intéressante mais qui répond que très partiellement aux besoins des stations-service indépendantes, indispensable au maillage du territoire.
Un dispositif surdimensionné et inadapté aux problématiques du terrain
Le dispositif concerne les entreprises distribuant moins de 2 500 m3 de carburant par an et situées dans une commune de densité intermédiaire ou rurale. En outre, leurs exploitants doivent être propriétaires de leur fond de commerce. Les installations éligibles doivent être d’une puissance cumulée minimale de 48 kW en courant continu.
La FNA regrette que seules ces bornes à très haute puissance soient éligibles au détriment d’installations de recharges beaucoup plus accessibles. En pratique, les devis d’installation pour ces équipements avoisinent plusieurs dizaines de milliers d’euros, financièrement inaccessibles pour ses artisans, malgré l’aide proposée :
- 70% des dépenses éligibles avec un plafond de 45 000€ HT pour une puissance cumulée inférieure à 75 kW
ou
- 60 % avec un plafond à 60 000€ HT pour une puissance cumulée supérieure ou égale à 75 kW
Des capacités d’investissement très réduites :
« Cette aide intervient dans un contexte économique très dur pour le maillage des stations-service en France après la crise des carburants que nous venons de vivre (augmentation des prix, pénurie, concurrence très forte de certains réseaux …). Nos entreprises traditionnelles ressortent fortement fragilisées économiquement et ont des capacités d’investissement quasi-nulles pour le maintien de l’activité courante » s’attriste Jacques VAYSSE. La FNA avait demandé que cette enveloppe réponde à plusieurs besoins urgents pour conserver l’attractivité de nos territoires :
- La diversification des carburants proposés comme l’E85, le SP95 E10, le GPL … ;
- La mise en place de pompes 24h/24 ;
- Le maintient aux normes environnementales et bancaires ;
- Le déploiement de services complémentaires de première nécessité.
La FNA salue la volonté du gouvernement de vouloir aider les stations à investir en faveur du véhicule électrique mais regrette que tant de moyens soient déployés pour une seule énergie. « Dans ma commune, comme dans beaucoup d’autres, des bornes sont déjà installées avec des financements publics et les propriétaires de véhicules électriques en sont équipés à leur domicile. En revanche la demande en carburant alternatif E85 explose et je n’ai pas les moyens financiers d’investir dans une nouvelle cuve » ajoute Jacques.
La FNA reste mobilisée auprès des ministères pour l’activation d’un fond dédié aux stations traditionnelles, qui devront répondre aux besoins du parc qui rappelons le, sera encore composé de 50% à 75% de véhicules thermiques à 2036*.
*Livre Blanc FNA 2021 « Artisans automobiles, acteurs-clés de la transition écologique et des mobilités ».