HOP : L’association qui lutte contre l’obsolescence programmée

La FNA a rencontré HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) au sein de ses locaux le 7 mai 2025. A cette occasion, Bruno CHOIX Président de la branche vente FNA, Emilie REPUSSEAU Secrétaire Générale adjointe FNA ainsi que Sabrina BOUGHERRIOU Responsable Métiers Vente FNA ont évoqué le futur de l’automobile et les mesures que la FNA soutient pour la sauvegarde des véhicules :

 

  • Encadrement du giga casting ;
  • Accessibilité des pièces de réparation (durée des délais et disponibilité des pièces) ;
  • Réparabilité des véhicules (notamment avec la mise en place de l’indice de réparabilité pour chaque véhicule) ;
  • Accès aux données des véhicules et lutte contre l’obsolescence croissante des logiciels véhicules ;
  • L’encadrement des émissions de Carbonne des véhicules grâce à l’Ecopass (certificat qui permet de récompenser les véhicules vertueux entretenus en autorisant leur circulation au sein de ZFE n’autorisant la circulation qu’aux Crit’Air 1 et 2) ;
  • L’encadrement du rôle de l’expert dans la conservation d’un VE qui peut être sauvé par un chiffrage de pièces issues de l’économie circulaire.

 

Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) est une association française fondée en 2015, dont la mission est de sensibiliser les consommateurs et les acteurs publics aux dangers de l’obsolescence programmée. L’association se distingue par ses actions de plaidoyer, ses études de terrain et ses publications visant à promouvoir une consommation responsable. HOP œuvre pour des produits durables, réparables et réutilisables du quotidien.

 

L’obsolescence des véhicules thermiques et électriques

Dans son dernier rapport intitulé « L’obsolescence accélérée des voitures thermiques et électriques », HOP attire l’attention sur les enjeux liés à l’évolution et l’avenir du parc automobile français. La transition énergétique entraîne des modifications profondes dans la conception et l’utilisation des véhicules.

L’association met en lumière un phénomène paradoxal : la mise hors service prématurée, qu’ils soient thermiques ou électriques, des véhicules dans un contexte de normes environnementales de plus en plus strictes.

L’obsolescence programmée, en l’espèce la diminution de la durée de vie effective des véhicules, a des impacts à la fois économiques, sociaux et environnementaux. Ce phénomène touche non seulement les voitures plus anciennes, mais surtout de plus en plus les véhicules neufs ou récents, engendrant l’augmentation des coûts de réparation, l’intégration de nouvelles technologies difficiles à maintenir et des politiques publiques favorisant une transition écologique prématurée.

 

Les principales causes de l’obsolescence des véhicules

 

Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) : un facteur de renouvellement rapide du parc automobile

En 2025, environ 34 % du parc automobile français est exclu de certaines Zones à Faibles Émissions (ZFE), imposant ainsi aux propriétaires de véhicules considérés comme polluants de s’en séparer bien qu’ils soient encore parfaitement fonctionnels mais qui ne peuvent pas obtenir une autorisation de circulation en considération de leur année de première immatriculation.

Cette politique vise à améliorer la qualité de l’air, mais elle soulève des questions sur la durabilité des véhicules qui sont encore en état de rouler, notamment les Crit’Air 3 qui sont les véhicules les plus touchés par cette restriction représentant 24,8% du parc automobile à Paris.[1]

De plus, cette exclusion risque d’aggraver grandement les inégalités sociales. Les ménages les plus modestes, souvent propriétaires de véhicules anciens, sont contraints de changer leur véhicule sans pouvoir toujours se permettre un modèle neuf ou moins polluant quitte à renoncer à leur véhicule n’ayant pas les moyens. Il en va de même pour les zones rurales dans lesquelles les infrastructures de transports en commun sont insuffisantes privant certains automobilistes de se déplacer.

 

La durée de vie des véhicules : un allongement nécessaire
En France, la durée de vie moyenne d’un véhicule est estimée à 19 ans. Cependant, les nouvelles régulations environnementales et les coûts élevés des réparations (notamment pour les pièces spécifiques et les technologies embarquées) risquent de réduire cette durée de vie. En effet, les véhicules thermiques, souvent jugés trop polluants, sont progressivement poussés à la retraite, malgré le fait qu’ils soient encore en état de rouler.

 

Les difficultés liées aux batteries des véhicules électriques
Les batteries des véhicules électriques représentent une part importante de leur coût et de leur impact environnemental. Certaines pratiques de conception, comme l’utilisation de résines et de mousses, rendent leur réparation difficile, voire impossible. Cela conduit à des remplacements coûteux et à une augmentation des déchets électroniques que ce soit pour les consommateurs ou pour les professionnels.

De plus, l’évolution constante des fonctionnalités des voitures électriques, notamment leur autonomie, pousse les consommateurs à acheter des modèles de plus en plus récents ou tout simplement à être réticents à l’achat d’une voiture électrique neuve par peur que d’autres modèles plus récents soient plus performants.

Cette évolution technologique a pour conséquence une instabilité des résultats de ventes des véhicules électriques ainsi que des difficultés pour les vendeurs professionnels à écouler leurs stocks de véhicules électriques. Il est également à noter une réduction des marges bénéficiaires et une pression accrue pour s’adapter à des technologies en constante évolution par tous les professionnels.

 

Le recours au giga-casting
Le giga-casting, une technique consistant à fabriquer des pièces de voiture en un seul bloc facilite la production en série pour les constructeurs mais complique considérablement la réparation en cas de dommage pour les réparateurs.

Un véhicule endommagé requérant des pièces spécifiques intégrées dans de grandes structures unifiées devient plus coûteux à réparer et plus difficile à restaurer. A ce sujet, vous retrouverez la note juridique FNA en suivant ce lien (https://fna.fr/documents/giga-casting-un-procede-industriel-aux-implications-multiples-pour-laval-de-la-filiere-automobile/).

 

L’obsolescence logicielle des véhicules modernes
L’évolution des véhicules modernes va bien au-delà de la mécanique traditionnelle : les véhicules sont désormais des objets technologiques comparés à des « smartphones roulants » et souvent équipés de systèmes embarqués complexes. Cela inclut la gestion des moteurs électriques, la sécurité active et les systèmes de conduite autonome pour certains modèles. Cette digitalisation présente un inconvénient majeur : l’obsolescence logicielle.

Certaines mises à jour logicielles sont nécessaires pour assurer le bon fonctionnement de ces systèmes mais elles sont souvent restrictives et rendues difficiles d’accès pour les réparateurs indépendants. L’obsolescence logicielle augmente notamment à travers la « sérialisation » des pièces qui consiste à construire des pièces étiquetées avec un numéro de série unique à vie restreignant la réparabilité des véhicules.

Enfin, le verrouillage des données des véhicules empêche un entretien du véhicule durable et accessible à long terme car limite le cham d’intervention des réparateurs.

 

Les propositions de la FNA et de HOP pour une transition automobile plus durable

Face à ces défis, la FNA, en ligne avec HOP, formulent plusieurs recommandations auprès des instances publiques afin de promouvoir la réparabilité et la durabilité des véhicules, et ainsi éviter une obsolescence prématurée :

 

Réparabilité et durabilité des batteries de véhicules électriques
Les batteries des véhicules électriques doivent être conçues pour être réparables par une standardisation des batteries, permettant leur remplacement ou leur réutilisation, pour que leur durée de vie soit prolongée. Les fabricants doivent s’engager à garantir la disponibilité des batteries et de leurs composants afin que les professionnels assurent un suivi optimal des réparations de véhicules sur le long terme.

 

Normes de réparabilité pour tous les véhicules
L’établissement de normes de réparabilité obligeraient les constructeurs à concevoir des véhicules plus facilement démontables. L’indice de réparabilité existera pour tout véhicule thermique et électrique comme cela est déjà le cas pour d’autres produits du quotidien comme les produits d’électroménager. Les constructeurs vertueux permettant une haute réparabilité seraient ainsi récompensés favorisant également les réparateurs qui pourront intervenir durant toute la durée de vie du véhicule.

 

L’accès aux pièces détachées, à la documentation technique et aux outils nécessaires

La réparation doit être facilitée afin que les réparateurs indépendants puissent intervenir efficacement. Il est nécessaire d’édicter des normes qui garantissent la réduction des délais de commandes des pièces, leur accessibilité, leur qualité et leur durabilité pour l’intégralité des véhicules du parc automobile.

 

Encadrement de la maintenance logicielle et droit à la réparation numérique
La mise en place d’un cadre législatif est nécessaire afin d’assurer que les logiciels embarqués dans les véhicules soient maintenus et mis à jour par les constructeurs mais surtout que les informations nécessaires à la réparation soient accessibles à tous les réparateurs notamment les indépendants.

Les verrous logiciels, qui empêchent les réparations en dehors des réseaux de services agréés devraient être interdits. Les constructeurs doivent garantir un accès complet aux données et aux interfaces nécessaires à la réparation et à la maintenance des véhicules.

Cette mesure permettrait d’éviter que les propriétaires de véhicules ne soient contraints à remplacer leur voiture en raison d’une obsolescence logicielle soudaine et favoriserait le maintien de la réparation des véhicules auprès des réparateurs.

 

Soutien à l’émergence du rétrofit et des filières de réemploi

Le retrofit, c’est-à-dire la conversion de véhicules thermiques en véhicules électriques, doit être favorisé au profit de la mise à l’arrêt des véhicules thermiques trop polluants. Cette pratique permet de prolonger la vie des véhicules tout en réduisant l’empreinte écologique et permettrait de nouveau un entretien des véhicules sur le long terme auprès des réparateurs au lieu de s’en séparer.

[1] Roole Dat : Les ZFE au cœur des débats en France : 2,4 millions de véhicules concernés en 2025.

 

Vous trouverez  le rapport d’enquête publié par HOP en cliquant sur le lien suivant : https://www.halteobsolescence.org/wp-content/uploads/2024/10/Obsolescence-acceleree-des-voitures-thermiques-et-electriques-FR.pdf